13 décembre 2009

Concert Swallow The Sun / Insomnium / Omnium Gatherum - Glazart, Paris - 10 décembre 2009

C’est un soir bien frais où je me rends devant le Glazart, qui ressemble à un préfabriqué près de la Porte de la Villette. Une file d’attente non négligeable attends avec impatience l’ouverture des portes. À l’intérieur, j’ai à faire à une salle de concert très sympathique qui promets un concert agréable. De plus, l’accueil est chaleureux et cordial, ce qui n’existe pas dans des salles comme La Loco ou L’Elysée Montmartre. Ce soir, la Finlande est à l’honneur ! Omnium GatherumInsomnium et Swallow The Sun sont réunis en concert.

5 décembre 2009

Swallow The Sun - New Moon

Doom/death
Finlande

Ce quatrième album des finlandais est pour moi leur meilleure sortie. Plusieurs changements ont vu le jour sur ce New Moon. D’abord, le chant, qui offre cette fois des passages plus black, alternés avec le chant lourd que l’on connaissait déjà. Le style musical ensuite à lui aussi évolué. En accord avec le chant, on retrouve dès passages moins doom, avec parfois une connotation black métal. Ceci s’annonce dès la premier titre « These woods breathe evil » et se retrouve également sur le titre final au début presque black symphonique (« Weight of the dead »).

De très beaux passages se démarquent, notamment sur le lunaire et neigeux « Sleepless swans » dont les claviers finaux ne sont pas sans rappeler certains passages de Shape of Despair. Aussi, le très bon « Servant of Sorrow» épate par sa qualité de composition. Notons aussi la très belle pochette et son livret qui engagent à la rêverie. Ce disque est donc une très bonne surprise qui saura être apprécié une nuit de pleine lune bien froide.

Références

Spinefarm records, 2009

Liens

31 octobre 2009

Katatonia - Night Is The New Day

Metal / rock mélancolique
Suède

Cet album de Katatonia est un véritable bijou de mélancolie et de beauté !

Avec ce 8e album studio, les suédois sont allés de l’avant et donnent à l’album une impression d’accomplissement dans sa totalité.

Musicalement, on est à mi-chemin entre métal torturé, comme dans « The Great Cold Distance », l’album précédent, et sonorités électroniques. Le tout se mêle pour créer des textures fantastiques et innovantes avec, toujours, ce goût de tristesse que l’on se prend à aimer intensément.

Mellotron, piano, cordes, claviers électroniques et basse puissante et mélodiquement très présente ; voici des éléments de la musique du groupe Katatonia mis en avant et parfaitement maîtrisés.

La voix de Jonas Renkse recèle une pureté et glisse sur les mélodies de manière envoûtante.

Quelques chœurs lointains viennent s’insinuer dans la texture opaque des titres, comme des échos de cette mélancolie omniprésente. Les titres « The Longest Year » et « Onward Into Battle », aux sonorités particulièrement électroniques, sont des merveilles d’ambiance et de composition.

Un côté doom se révèle parfois, notamment sur « Nephilim » (nom en hommage à Fields of Nephilim : voir plus bas) et le titre final fabuleux « Departer ». Ce dernier voit Krister Linder (chanteur suédois officiant dans Enter The Hunt) poser sa voix étrange sur ses mélodies d’un autre monde.

Des influences 70s se dévoilent sous les sonorités de guitares acoustiques et de mellotron...

...notamment dans « Idle Blood », plein de rêveries. Des influences 80s sont aussi indéniables. Une vidéo sur le site du groupe montre Anders Nyström et Jonas Renkse dévoilant les influences majeures de cet album.

Fields of Nephilim, Red House Painters, Jeff Buckley, The Cure, et David Sylvian sont autant d’artistes et de groupes dont on retrouve la trace sur ces magnifiques 11 titres. Ce très bel album de Katatonia est pour moi un des meilleurs albums de l’année 2009. Voilà, tout est dit !

Références
  • Katatonia, Night Is The New Day. Peaceville, 2009.
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3 octobre 2009

Concert Evergrey - Nouveau Casino, Paris - 1er octobre 2009

Cela fait 3 ans que les suédois ne sont pas venus nous rendre visite, et cela fait très long! En effet, à cause de problèmes logistiques ou techniques, le groupe a du annuler la tournée européenne initialement programmée au printemps 2009. Le plaisir est donc d’autant plus grand!

Le Nouveau Casino ouvre ses portes à 19h, et laisse le temps de profiter du bar, ce qui se fait sans problème car il faut le dire, la salle est loin d’être pleine… Ce moment me permet aussi de voir une affiche qui dit « au premier étage, merchandising et dédicace d’Evergrey après le concert »!!! Voilà qui commence vraiment bien!

Il est 19h30 et les italiens de Chaoswave débarquent sur scène. Leur musique surfe entre death, hardcore et métal mélodique. Un chanteuse (habillée de cuir comme il faut, bien évidemment) et un chanteur s’échangent les couplets sur fond de double grosse caisse déchaînée. Les musiciens sont d’un très bon niveau, et leur prestation, sans être fracassante, sait faire patienter le public comme il faut. J’avoue tout de même être contente (et surtout impatiente) quand vient le dernier morceau…
C’est le bon moment pour se faufiler dans la brèche ouverte par le public et aller se placer devant, à vrai dire, au deuxième rang face à la scène! Une place parfaite. Les roadies s’affairent un bon moment. Ma place me permet de voir le groupe descendre d’un escalier et attendre le signal du début derrière une porte. Impatience extrême! Après un signal clair du roadie, le sample d’ouverture s’enclenche tandis que les lumières s’affadissent. Enfin!

Les musiciens entrent en scène sous les acclamations. Le charismatique leader est impressionnant, de même que les autres musiciens. Une puissance se dégage des suédois. En face de moi, se tient le nouveau bassiste Jari Kainulainen (ex-Stratovarius). Le groupe entame « Fear » issu de Torn, le dernier album du groupe. Le son est très puissant. Tout au long du concert, le groupe et les roadies tenteront de trouver le son parfait, au grand damne des musiciens qui, souvent, feront des signes ou grimaceront à cause du son. Quoi qu’il en soit, la puissance est là ! Evergrey base son set sur l’ensemble de sa discographie, ce qui est apprécié par tout le monde, surtout après une si longue absence! De « She Speaks to The Dead » à « Watching The Skies », en passant par « The Masterplan », nous avons aussi droit au fabuleux « More Than Ever », titre à la composition extraordinaire ! Un moment magique ! Ils jouent aussi « As I Lie Here Bleeding », titre entraînant issu de « Recreation Day ». Nous avons aussi droit au grand classique « Blinded » sur le début duquel le bassiste cassera une de ses 6 cordes ! Il retrouvera le son au milieu du titre. Mais ceci n’empêche pas le public de reprendre en chœur le refrain ! Rikard Zander (claviers) et Henrik Danhage (guitares) s’adonneront quelques minutes à des solos chacun leurs tours. Claviers 80s et solos de guitares techniques et planants, voilà un bel interlude! Ce n’est pas tout, le charismatique leader Tom S; Englund nous a prévenu au début, à la fin du concert « vous serez épuisé » !! Malgré les demandes incessantes d’un membre du public de jouer « Solitude Within », le chanteur n’en démordra pas ! Concernant Torn, nous avons droit au single « Broken Wings » et à « Soaked », deux très bonnes chansons ! Le public est enchanté lorsque débute « End of Your Days » issu de Recreation Day, et chante en chœur le refrain ! Les musiciens excellent, le bassiste impressionne par son jeu sans médiator (rare dans le métal) sur sa 6 cordes, qui n’est pour une fois pas utilisée pour la frime, loin de là ! Le chanteur-guitariste à la voix puissante n’est pas en reste et interprétera seul avec le clavier « Words Mean Nothing ». Jonas Ekdahl assure derrière ses fûts ; discrets, il emplie néanmoins la salle de son jeu puissant. Un autre interlude le mettra en avant. Il s’agit du titre « When The Walls Go Down » issu de The Inner Circle. Le groupe interprète aussi le tragique « Still in the Water », avec les chœurs du claviériste et du guitariste soliste. Le groupe est très communicatif avec le public, remerciements, acclamations, et blagues, l’ambiance chaleureuse offre une image bienveillante et du groupe. Après d’autres remerciements, le groupe entame un autre titre culte : « I’m Sorry ». La ballade n’est pas inconnue du public puisqu’il reprend en chœur le refrain à la demande du chanteur. Un
moment grandiose. Le groupe quitte la scène. Après 2 ou 3 minutes d’acclamations, Evergrey revient sur scène pour le moment des rappels. Ils joueront notamment "Recreation Day" et clôtureront sur le grandiose "A Touch Of Blessing". C’est la fin du concert, le groupe se réunit sur scène pour un salut, un belle image à vrai dire. Le chanteur nous dit qu’ils seront dans quelques instants au premier étage pour une séance de dédicace. Chouette…

La petite salle, qui n’était déjà remplie qu’aux deux-tiers, s’est pourtant bien vidée. Reste les vrais fans (oui, comme moi) qui grimpent donc au premier étage. En attendant, passage par le stand des tee-shirts où l’on peut prendre un grand poster illustrant la superbe pochette de Torn. Sous quelques applaudissements, le groupe arrive et se place dans un coin à l’ombre. Défilent alors les fans pour un crayonnage des posters, pochettes de cd et même tee-shirt. Vient mon tour, c’est très rapide, le temps de dire merci. Tout de même, voir en face de soi les musiciens, c’est quand-même grandiose !

Merci donc à Evergrey d’être passé par la France, et d’avoir montré autant d’enthousiasme, même à une petite salle pas franchement remplie.

2 octobre 2009

Tool : reflets et métamorphoses

Saluons déjà ce livre simplement pour sa parution. En effet, il s’agit là du premier livre en français consacré au groupe américain. Peu enclins aux interviews, discrets, « allergiques » à une médiatisation, la venue de ce livre est donc plus qu’appréciable. Notons ensuite que cet ouvrage va largement au-delà de la simple biographie. Parallèlement à l’évolution du groupe, Christophe Muller (créateur du 1er site francophone dédié à Tool*) tente d’analyser l’œuvre du groupe, à tous les niveaux.

Tool : reflets et métamorphoses - niveau musical

Le niveau musical est bien sûr important, car la musique de Tool reste particulière, surfant entre plusieurs mondes : progressif, métal, rock… Chaque EP et album est soigneusement « analysé », et ce, jusqu’à « 10,000 Days ».

Tool : reflets et métamorphoses - niveau visuel
Le niveau visuel est également analysé, car le groupe Tool possède un lien étroit avec le milieu du cinéma, dû aux parcours de certains membres. De ce fait, Tool attache une importance particulière à l’aspect visuel. Les pochettes ainsi que les clips sont toujours soigneusement travaillés, toujours sous la direction du groupe et souvent réalisés par un ou plusieurs membres.

Tool : reflets et métamorphoses - niveau textuel

Pour finir, il y a également une analyse à faire au niveau textuel, car chez Tool, les paroles sont aussi importantes que la musique. Un des buts premiers du groupe est de véhiculer un message, d’apporter quelque chose de positifs aux gens. L’auteur du livre propose son interprétation personnelle mais toujours fondée, et tente donc de rester le plus objectif possible.

Côtoyant dès leurs débuts des groupes engagés tels que RATM, Tool s’affiche d’emblée comme un groupe anticonformiste, notamment face à la religion. Mais au fil de l’évolution du groupe, d’autres influences vont orienter la musique et les textes. Tout d’abord le psychanalyste suisse Carl Gustav Jung qui influença énormément le chanteur. Ensuite l’occultisme, mais aussi la philosophie orientale pour la recherche de soi. Se transcender, voir le monde tel qu’il est réellement, s’accomplir et communiquer, dans le but d’être soi, sans se soucier des conventions. Voilà qui figure parmi les messages véhiculés par Tool.

Tool : reflets et métamorphoses - les créations

Les projets parallèles de chaque membre de Tool sont aussi abordés. De l’enregistrement des albums aux tournées, l’auteur met en lumière A Perfect Circle, mais aussi Puscifer, autre projet parallèle de Maynard.

Ce qui est mis en avant dans cet ouvrage reste l’aspect créatif de Tool ; aussi, on se passera de détails concernant la vie des musiciens, mais l’essentiel est donné pour tenter de comprendre l’univers complexe mais passionnant de ce groupe hors-normes. Plus qu’une lecture biographique de l’univers du quatuor, une profonde réflexion, des questionnements, personnels ou non, viennent à nous au fil de la lecture. Tout ceci rend l’univers de Tool encore plus passionnant.

*Site crée par Christophe Muller et consacré à Tool

Présentation de l'éditeur
Suivant les thèmes omniprésents de changement, d'évolution, le metal de Tool s'est affiné depuis ses débuts à Los Angeles dans les années quatre-vingt-dix, jusqu'à flirter avec le progressif devant une large audience maintenant acquise à sa cause. Ces artistes véritables ont su prendre leur temps pour développer leur univers exigeant, se mettant toujours à l'abri des médias dont ils n'ont pas eu besoin pour passer dans la cour des grands. C'est sans doute la raison pour laquelle leur groupe est, aujourd'hui encore, toujours aussi méconnu qu'apprécié. Ce livre est le premier en français consacré au quatuor dont l'aura mystérieuse s'est mise en place malgré eux, et qui a connu un succès presque miraculeux à une période musicale de plus en plus markétée. Il explore non seulement l'histoire qui entoure leur musique d'album en album, mais également une oeuvre visuelle accomplie en orfèvre, et enfin les messages véhiculés à travers l'analyse des textes. Et c'est une vision différente qui s'offre à celui qui acceptera l'invitation de cet « outil à la réflexion », voyage intérieur même, pour qui dépassera les apparences mystiques et atteindra les sentiments derrière les symboles et les concepts.

Références

Christophe Muller, Tool : reflets et métamorphoses. Camion Blanc, 2009, 559 pages.

29 septembre 2009

Iron Maiden - L'épopée des Killers de Mick Wall


AVERTISSEMENT: Vous pouvez lire une version de cet article moins encombrée de digressions, considérations personnelles et autres recettes de cuisine sur Rana Toad . Il y est en outre fusionné avec un autre ouvrage à propos du groupe:
http://ranatoad.blogspot.com/2009/09/eddie-are-you-kidding-iron-maiden.html

A la question : quel groupe selon vous définit le heavy metal? Certains diront Black Sabbath d’autres Metallica. D’autres encore Bon Jovi ou Kyo, mais faut-il en vouloir aux plaisantins? Personnellement, et en toute objectivité malgré mon addiction à ce groupe, je pense qu’Iron Maiden serait au moins deuxième au classement, à défaut d’être premier.

Mon premier contact avec Iron Maiden eut lieu lors de la sortie de Fear Of The Dark en 1992. Directement entré à la première place du Multitop sur M6, l’album a bénéficié d’une diffusion régulière du clip de "Be Quick Or Be Dead", hum pas l’idéal pour se débarrasser des idées reçues quand on voit Dickinson hurler et remuer sa tignasse. Je coupais le son à chaque fois en attendant que ça finisse. Mais l’année d’après, lors de la sortie de A Real Live One, c’est "Fear Of The Dark" qui était diffusée, puis quelques mois après c’était au tour de la version de "Hallowed Be Thy Name" sur A Real Dead One. Il suffit de vous dire que ces deux morceaux-là ont été le départ de la découverte musicale la plus importante de mon adolescence.

L’épopée des Killers est ce que l’on peut appeler une biographie officielle et autorisée, Mick Wall étant un proche du groupe. On ne pourra bien sûr jamais évaluer, au mieux, la réserve au pire, la censure et/ou l’auto-censure qu’elle suppose. Elle inclut cependant un enthousiaste avant-propos de Steve Harris, le bassiste-leader. La démarche de Wall fait part de la diversité des points de vue, par le biais d’interventions issues de nombreuses interviews, et crée donc une mosaïque, peut-être imparfaite mais resserrée autour des événements et des personnes qui ont fait avancer le groupe depuis 1975.
Les chapitres suivent la chronologie mais prennent souvent la forme d’une mini-biographie d’un des musiciens ou d’une personne ou personnage lié au groupe : le manager, la mascotte Eddie ou son créateur Derek Riggs. Mick Wall n’oublie pas Martin Birch, dont le CV, déjà impressionnant (In Rock de Deep Purple, c’est déjà beaucoup, non ?) avant Killers, porte la prestigieuse mention : 1981-1992 producteur exclusif d’Iron Maiden. Quel fan ne scrutait pas chaque livret pour voir de quel surnom le groupe ne manquait jamais de l’affubler?
Est-il étonnant de voir les deux premiers chapitres intitulés respectivement "Steve" (Harris) et "Dave" (Murray)? Le bassiste et le guitariste sont en effet les deux seuls membres actuels présents sur les 14 albums. Dave Murray a bien été viré suite à un malheureux malentendu, mais ce fut plutôt bref. C’est Dennis Wilcock, le chanteur qui a précédé Paul Di’Anno, qui a recommandé Dave quand le groupe avait besoin d’un guitariste. C’est sans doute là l’un des premiers pas primordiaux dans l’histoire d’Iron Maiden, tout à fait en concordance avec la perspective annoncée par Mick Wall dans son Introduction.
Une impression, souvent partagée, ressort des interventions orales des protagonistes au fil des pages, celle d’avoir souvent trouvé la bonne personne, d’avoir fait le bon choix pour le groupe. Même quand il s’agissait de se séparer d’un musicien c’était surtout pour ne pas traîner un poids mort et les intéressés ont toujours semblés être compréhensifs et conscients de leurs dérapages. Dennis Stratton, Paul Di’Anno et Clive Burr en sont de parfaits exemples. Même le renvoi, plus controversé, de Blaze Bayley n’était pas sans raisons en défaveur du chanteur et L’épopée des Killers éclaire beaucoup de fans, Steve Harris ayant souhaité garder le silence un certain temps sur cet épisode obscur. Même sur mon petit nuage, je ne pouvais m’empêcher de me poser certaines questions sur ce qui avait amené au double retour de Smith et Dickinson.
Bruce Dickinson, considéré par beaucoup comme l’emblématique chanteur d’Iron Maiden (son retour en 1999 ayant plus que confirmé cet état de fait), y apparaît sans doute comme l’individu le plus complexe de la formation britannique. Diplômé en histoire, écrivain, animateur radio, pilote de ligne et j’en passe, pas étonnant que cet électron libre (le chapitre qui lui est consacré démontre très bien à quel point il a toujours voulu échapper à toute forme d’enfermement) avait déjà envisagé de quitter Maiden dès 1986, lui qui voulait placer des chansons acoustiques sur l’album successeur de Powerslave. Il ne signe aucun titre sur le futuriste Somewhere In Time. Le début d’une carrière solo en 1990 annonçait déjà un peu son départ en 1993 (je n’étais pas encore assez accro pour le regretter), épisode certainement le plus difficile pour Steve Harris, le capitaine du bateau qui n’a jamais renoncé à la moindre avarie. A tel point qu’ « il semblerait […] que seule [sa] mort puisse mettre un terme à cette aventure musicale », citation empruntée à Jean-Philippe Petesch mais qui résume bien ce que tout fan du groupe est susceptible d’avoir cru à chaque changement de line-up.

Machine bien huilée, Iron Maiden est l’un de ces groupes qui n’a jamais splitté et, même si l’écart s’est creusé peu à peu, a continué à sortir régulièrement ses albums sans se fier aux tendances. Le punk ? Quelque chose dont il fallait se démarquer sous peine de disparaître très vite. Et puis Steve Harris adore King Crimson, Genesis et Emerson, Lake and Palmer. Qu’est-ce qu’il y a de plus intemporel que le rock progressif ? Bon d’accord, c’est totalement arbitraire comme jugement. La Nouvelle Vague du Heavy Metal Anglais ? Oui Maiden en faisait partie, ils en étaient même le groupe le plus populaire. Que reste-t-il vraiment, exception notable de Saxon, de cette Nouvelle Vague aujourd’hui ? Def Leppard (j’ai un ami qu’ils ont recalé pour une audition de batteur, soi-disant qu’il, je cite, "jouait comme un manchot")? D’après Steve Harris ce n’était qu’un gimmick de journaliste et, sans pour autant la dénigrer, considérait que son groupe n’avait pas grand-chose à faire là-dedans.
Mick Wall s’attarde sur le rôle qu’a joué et joue encore Rod Smallwood, le manager, créateur de la boîte de management Sanctuary (d’après la chanson, on s’en doutait un peu). Personnage haut en couleur, fabuleux et intraitable négociateur, il est au moins aussi important que Steve Harris. Iron Maiden lui doit bien plus que le gimmick de journaliste déjà évoqué. Un exemple? C’est lui qui a repéré cette affiche de jazz illustrée par un certain Derek Riggs (qui cessera sa collaboration avec Maiden dès 1992), a demandé à le rencontrer et est tombé nez à nez avec cette créature qui allait être nommé Eddie The ’ead.
Mort-vivant omniprésent, figure paradoxale puisqu’elle est indissociable d’Iron Maiden mais aussi porteuse de contresens et d’idées reçues dans l’esprit du grand public vu la violence qu’elle inflige ou qu’elle subit au fil des pochettes et autres T-shirts, Eddie méritait bien aussi un chapitre à lui tout seul (j’aurais bien voulu insérer un lien vers un sketch des Robin des Bois où la Police du Goût découvre un T-shirt d’Iron Maiden caché sous un tapis. Hélas je n’ai pas réussi à trouver la vidéo en question). The Head était l’un des premiers gimmicks des concerts donnés par le groupe. Fixée au-dessus du batteur elle a d’abord craché de la fumée puis de l’hémoglobine aux dépens dudit batteur. Le prénom vient d’une blague que je connaissais déjà, l’ayant lu dans une interview fleuve dans la presse spécialisée à l’occasion, ça remonte, de la sortie du Best Of The Beast. Je peux citer le même genre de source en ce qui concerne l’anecdote, non mentionnée par Mick Wall, du visuel représentant la tête, hum sans le corps qui va avec, de Paul Di’Anno que le monstre tient par les cheveux. La toile, morbide private joke, pourtant unique et destinée à rester planquée, avait été écartée parce qu'elle coïncidait avec le départ du chanteur, et Steve Harris s’étonne ainsi qu’elle ait pu apparaître sur un bootleg sud-américain. La même chose sera reproduite de manière plus officielle avec un Bruce Dickinson empalé par Eddie et son trident sur la pochette d’"Hallowed be Thy Name", la version live de 1993. Punition un peu sévère pour avoir plus murmuré que chanté lors des derniers concerts, vous ne trouvez pas?

Au fil de la lecture, chaque fan, quelque soit le degré de son addiction, trouvera quelque détail qu’il ignorait jusque là. Combien savent par exemple que Nicko est un surnom donné au batteur durant sa carrière pré-Maiden? Et combien encore en connaissent les circonstances?

Certainement la traduction d’une version augmentée de Run To The Hills. The Authorised Biography of Iron Maiden (parue initialement en 1998), L’épopée des Killers voit la plume de Mick Wall s’arrêter avec le chapitre 15, déjà retravaillé puisqu’il s’attarde sur le retour de Dickinson et Smith (qui n’a eu lieu qu’en 1999, je le rappelle). Les quatre derniers chapitres ne peuvent être considérés que comme une maladroite mise à jour, du bonus en totale incohérence dans le ton avec tout ce qui précède. Mais peu importe, ils ne sont pas sans intérêt, en témoigne notamment une dissection (non, pas celle d’Eddie, on nous a déjà fait le coup en 1995) des albums Brave New World et Dance Of Death. Et puis, on ne peut blâmer cette biographie d’être incomplète tant qu’Iron Maiden continue son p’tit bonhomme de chemin. Vous ne trouverez, très logiquement, aucune mention du dernier album en date ni de la tournée Flight 666 (ou comment un projet logistiquement dément a failli foirer à cause d’une balle de golf). Et, au fait, à quand le 15ème ?


Iron Maiden - L'épopée des Killers, Mick Wall, Camion Blanc, 2005. J'aurais aimé mentionné le traducteur mais...

Iron Maiden - Morceaux d'esprit: Thèmes et origines des chansons de la Vierge de Fer de Jean-Philippe Petesch


AVERTISSEMENT: Vous pouvez lire une version de cet article moins encombrée de digressions, considérations personnelles et conseils de beauté sur Rana Toad . Il y est en outre fusionné avec un autre ouvrage à propos du groupe: http://ranatoad.blogspot.com/2009/09/eddie-are-you-kidding-iron-maiden.html


Morceaux d’esprit est le résultat d’un travail universitaire, fait seulement détectable à première vue par le sous-titre. Jean-Philippe Petesch a ainsi accompli quelque chose à laquelle je n’ai jamais pensé, malgré notre parcours commun de fans d'Iron Maiden ayant suivi des études d’anglais. Démarche si sérieuse et si cadrée, probablement, qu’il m’aurait été difficile de rester objectif. Je ne pense tout simplement pas que mon intérêt pour les paroles du groupe ait un jour atteint ce stade. Elles ont toujours été à mon sens étrangères à tout aspect scolaire. Et puis surtout je ne m’y suis jamais attardé plus d’une semaine après l’achat d’un album.

Dans sa forme, Morceaux d’esprit est une présentation systématique et chronologique des chansons de chaque album du groupe, jusqu’au dernier en date, A Matter Of Life and Death. Auparavant, les cent premières pages ont été consacrées aux précisions que tout effort universitaire est en droit d’attendre : remerciements, introduction, présentation du corpus, documents d’appui, glossaire et liste des thèmes et références. Passages obligés qui à eux seuls m’auraient découragé à aller plus loin si je m’étais lancé dans un tel exercice. Justifier tous les termes que l’on choisit d’utiliser, recracher des références analytiques que le jury connaît par cœur et autres précisions qu’il m’aurait été laborieux d’établir, ce côté convenu et très encadré m’a toujours mis mal à l’aise. Ceci était plus une digression critique sur les règles incontournables et immuables de la sphère estudiantine (j’entends ma mauvaise conscience me souffler : "Alors ne te plains pas d’avoir abandonné ta maîtrise, par deux fois pour ne rien arranger, crétin!"), qu’un bémol attribué injustement à Jean-Philippe Petesch. Ce qui aurait été pure mauvaise foi puisque toutes ces pages liminaires offrent des outils de lecture et de compréhension essentiels ("C’était bien la peine de râler contre les convenances pour camoufler ta mauvaise volonté, trouduc!", dixit ma mauvaise conscience). Reste pourtant ce malaise didactique que j’aurais préféré voir allégé, à l’occasion de la publication en livre, en théorie plus permissive.

Pour dégager les thèmes, l’auteur a eu recours, avec les faiblesses que cela suppose, à une recherche informatique par occurrence des mots. Bien que quelque peu alourdie de chiffres, elle n’a pourtant pas été inutile et, je n’ajouterai pas une dernière pique en admettant que c’est une approche méthodologique que l’auteur était quelque part obligé de rendre compte, un premier pas pour constituer une cohérence du "discours" (un des termes du glossaire) entre les albums d’Iron Maiden. Pour la bonne cause donc. Petite précaution générale de l’auteur, il insiste sur l’aspect subjectif de ses interprétations (celle d’"Iron Maiden" est à retenir) et appelle à prendre tout autant en considération celles qui ne seront logiquement pas mentionnées. Quelques thèmes sont attendus puisque fréquents dans le heavy metal (la mort, la guerre, l’occultisme…) mais leur traitement n’aura qu’un seul but, démontrer qu’Iron Maiden ne les a jamais utilisés par provocation ou gratuitement. Petite parenthèse sur le sexe et l’amour, thèmes clichés par excellence, ils apparaîtront presque inexistants dans le "discours" du groupe, sinon à quelques petites exceptions, "saga Charlotte" ("Charlotte The Harlot", "Twilight Zone", "22 Acacia Avenue", "Hooks In You" et "From Here To Eternity") en tête, mais aussi parfois avec un sérieux inhabituel sur les sujets ("Wasting Love" est l’exemple le plus représentatif).

Suit la présentation des références directes, qu’elles soient historiques ("Run To The Hills", "Alexander The Great"…), bibliques ("The Number Of The Beast"), mythologiques ("Flight Of Icarus"), littéraires ("The Rime Of The Ancient Mariner", "Brave New World ") ou cinématographiques ("Man On The Edge", "The Wicker Man"). Bien que certaines références soient évidentes, ne pensez pas que l’auteur enfonce les portes ouvertes en ne faisant que rappeler leur provenance. Elles seront par la suite développées et l’on verra qu’elles sont rarement utilisées telles quelles, servant ainsi de base acceptant habiles modifications et détournements opérés par les différents paroliers. D’autre part, la majorité des références historiques ont été pour moi une découverte totale, particulièrement celles de "The Trooper" ou d’"Aces High". M’avaient également échappé, entre autres, que la saga d’Alvin The Maker d’Orson Scott Card était la source directe d’une partie de Seventh Son Of A Seventh Son et que "Hallowed Be Thy Name" évoquait presque, à défaut de confirmation de la part de Steve Harris, explicitement Le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo.

Jean-Philippe Petesch nous offre parfois d’agréables bonus et je ne peux omettre l’enrichissante explication de texte de "Revelations" (extrait d’une interview de Bruce Dickinson dans Enfer Magazine n°8, décembre 1983, placée en note de fin de chapitre). Entre indéniablement dans cette catégorie l’intervention extérieure d’Emmanuel Haeussler, interlude de trois pages, qui propose un parallèle inattendu dont je vous laisse la découverte.
Cette richesse intertextuelle (interquoi ?), inaperçue du grand public, plus effrayé par Eddie et ses "mises en situation" (ou plus simplement par ces-chevelus-avec-leurs-guitares-qui-font-n’importe-quoi-moi-je-préfère-Whitney-Houston), contribue grandement, et en toute objectivité, a démontrer l’originalité du groupe de Steve Harris. Mais, détrompez-vous, le corpus étudié recèle plus que des références à des œuvres déjà existantes. Certaines paroles se basent sur le statut du groupe au fil des années qu’ils soient adulés ("Powerslave", lors de l’âge d’or éprouvant des années 80) ou critiqués ("Virus", réponse acide aux journalistes anti-Bayley). Les préoccupations humaines et contemporaines ne passent pas à la trappe, elles sont même associées à un questionnement beaucoup moins superficiel qu’on pourrait le penser. En témoignent la cohérence thématique et introspective des albums The X-Factor et A Matter Of Life And Death. "Afraid To Shoot Strangers", inspiré par la guerre du Golfe, est un de ces titres mal compris dont le plus célèbre reste "The Number Of The Beast" (au numéro 668 vous trouverez "The Neighbour Of The Beast"), qui ne serait qu’une transposition d’un rêve de Steve Harris. Première composition de Nicko McBrain, "New Frontier", prend, elle, une position controversée sur le clonage etc. Sans être un groupe adepte des protest-songs, quelques morceaux d’Iron Maiden peuvent entrer dans cette catégorie ("Run To The Hills", "Holy Smoke", "Fear Is The Key" ou encore "Childhood’s End").
Avant de conclure, je me permet de dire que j’ai détecté quelques erreurs, mais je les omets, tout ceci étant déjà trop long pour y inclure du chipotage d’intérêt moindre.
Même si je pense qu’aux yeux des trois quarts des fans, ce qui prime c’est l’instrumentation des morceaux et des atmosphères qu’elle transcrit, la question du didactisme des paroles, voulue ou non, est très pertinente (si on faisait une recherche informatique du même type sur mes articles, mais je n’ai pas assez souffert avant d’être une star, ce mot sortirait, avec "choucroute", en bonne place) tout autant que la distinction entre "fan" et "afficionado" (il est bien évidemment permis de penser qu’il existe des nuances) établie dans le glossaire. Grâce aux mélodies et la voix de Bruce Dickinson (si vous êtes sceptiques, faites donc la comparaison entre les versions studios et live de "Phantom Of The Opera" et "The Clansman"), les chansons de Maiden selon moi parlent plus aux tripes qu’à l’intellect. Ce qui ne signifie pas pour autant que les interprétations de Jean-Philippe Petesch ne m’ont rien apporté, bien au contraire. J’ai refermé le livre avec satisfaction, content d’avoir pu lire une mini-encyclopédie intégralement consacrée à un groupe de cette envergure, me confortant ainsi dans un choix musical qu’il m’a parfois été difficile à assumer.

Note: pour être tout à fait honnête, je dois la blague sur "le voisin de la Bête" à Whitfield Crane, ex-chanteur de feu Ugly Kid Joe qui faisait part dans une interview des titres non retenus pour intituler ce qui reste le dernier album de la formation, Motel California (1996).
Merci à Taly et à Camion Blanc.
Et à Carméline qui m'a permis de faire de plus longs articles.

Iron Maiden - Morceaux d'esprit: Thèmes et origines des chansons de la Vierge de Fer, Jean-Philippe Petesch, Camion Blanc, 2008, 32€.

28 septembre 2009

Insomnium - Across The Dark

Death métal mélodique / Doom
Finlande

Il s’agit là du 4ème album des finlandais. Après un "Above the Weeping World" génial, le groupe revient avec un disque suivant la même veine mais cette fois-ci plus doom. Il n’est donc pas étonnant qu’ils accompagnent Swallow The Sun en tournée. Tout comme son prédécesseur, "Across the Dark" s’ouvre avec une morceau-intro épique qui donne le ton. Entre riffs énergiques et mélodie doom, ce premier titre montre bien ce qui suivra dans les 7 prochains morceaux.

Le second titre est un bon témoignage de la capacité mélodique du groupe : les mélodies sont superbes et les riffs épiques. On pense parfois à Draconian. Suit "Where the Last Wave Broke". Les riffs sont tranchants et efficaces ; un couplet très mélodique doublé du chant clair de Jules Näveri (Profane Omen) montre le nouvelle voix (c’est le cas de la dire) empruntée par le groupe, ce qui n’est pas sans déplaire. En effet, le chant clair est une nouveauté pour le groupe. "The Horrowing Years", titre très doomy, peut surprendre par son refrain très (trop ?) mélodique, mais force est de constater que la qualité est là. "Against The Stream" ravira les fans des titres speed, hautement influencés par Dark Tranquility notamment. Encore une fois, les mélodies sont efficaces et riffées.

Quant à la batterie, elle surmène cymbales et grosses caisses pour ravir nos tympans. Un superbe refrain mélancolique accompagnés de claviers place ce titre parmi les meilleurs de l’album. Le titre suivant est une « ballade » (avec double grosse caisse tout de même) qui montre encore une fois la capacité d’Insomnium à produire des mélodies imparables. "Into The Woods" nous ramène vers des contrées plus speed, mais encore une fois ponctuées d’un refrain irréprochable et efficace, dont la mélodie est assurée par les guitares seules. Enfin, "Weighed Down With Sorrow" est le titre le plus doom de l’album. Tragique et enragé, il devrait plaire aux fans de Draconian. Il clôt magistralement l’album.

Voici donc un excellent disque aux compositions de grande qualité. Insomnium n’apporte rien de nouveau au paysage métal de la scène scandinave, certes, mais ce disque est tout de même d’une grande fraîcheur, riche en émotions et d’une qualité indéniable du début à la fin.

Références

Insomnium, Across The Dark. Candlelight Records, 2009.

Liens

17 septembre 2009

Amorphis / Amoral / Before The Dawn - La Loco, Paris - 14 octobre 2009

Cela fait maintenant plusieurs années que j’attendais le passage d’Amorphis par la France, le groupe ayant « oublié » de passer chez nous lors de leur dernière tournée pour Silent Water. Quelle joie donc, d’autant plus que le concert a lieu à La Loco ! Hélas, je ne savais pas qu’il s’agissait de la petite salle, celle où seuls ceux qui ont la chance d’être dans la fosse en face de la scène pourront tout voir. En effet, en plus d’être beaucoup trop petite pour tout ce monde, de larges piliers entourent la scène et la rambarde en hauteur, obstruant la scène pour ceux qui sont sur le côté. Résultat, j’ai « de la chance » d’être sur les marches de l’escalier à l’entrée, où je peux voir quelques musiciens. Il n’empêche, de toute la soirée, je n’ai pu voir ni le batteur ni le deuxième guitariste. Quant à ceux sur la rambarde en hauteur, j’imagine qu’ils ont du avoir un beau torticolis, ayant passé la soirée la tête penché pour voir la scène à cause des piliers. Je n’ai pas fini mon coup de gueule : au lieu de commencer à 19h30 comme c’est écrit sur les billets, le concert débute à 19h. MERCI DONC AUX ORGANISATEURS.

Passons au concert. J’ai donc loupé la première partie, mais aussi manqué le début de le seconde première partie. Il s’agit donc soit d’Amoral soit de Before The Dawn. Quoi qu’il en soit, la musique du groupe est sympathique, orientée folk/death. Le son est bon, pas trop fort, ce qui permet d’entendre tous les instruments.

Nous n’attendons pas trop longtemps avant que n’arrive Amorphis. Le public est très présent et les acclamations fusent. Le groupe entame "Silver Bride," single et tube issu du dernier album en date, "Skyforger". Le son reste parfait, et les claviers ne passent pas inaperçus. Le dernier album sera largement à l’honneur, ce qui est plus qu’appréciable. Ils joueront notamment le puissant "Majestic Beast," "The Sky Is Mine" et "From The Heaven Of My Heart". "Silent Water" n’est pas oublié car ils nous font l’honneur de jouer le titre éponyme, titre magnifique aux claviers mélancoliques. Parmi les albums récents, on a aussi droit à "The Smoke" issu d’"Eclipse", premier album du chanteur Tomi Joutsen.

Mais les premiers Amorphis ne sont pas en reste, ce qui fait le bonheur du public. En témoignent les titres "The Castaway," "Against Widows", "Cares" ou encore "Black Winter Day". Le chanteur est communicatif avec le public qui lui rend la pareille. Les lumières se rallument. Le public acclame. Vient le temps du rappel. Ils interpréteront trois titres. Le public hurle de joie quand débute "Sign Of The North Side", issu de "Tales From The Throusand Lakes". Vient ensuite "House of Sleep", repris en chœur par la foule. Enfin, la soirée se clôture sur "My Kantele" et son solo de claviers.

Un très beau concert qui a passé très vite (il se termine à 22h00). On espère qu’une chose : que les finlandais repasseront très vite dans la grande salle de La Loco, ou mieux, au Trabendo.

12 septembre 2009

Enslaved - Vertebrae

Black métal progressif influencé 70s
Norvège

De leur 10ème album, Grutle Kjellson (chant, basse) disait qu'il s'agissait de métal extrême et avant-gardiste avec une touche de Pink Floyd schizophrène*. S’éloignant de plus en plus de leurs débuts black métal, Enslaved franchit avec Vertebrae une nouvelle porte. Plus expérimental, plus aérien, plus 70s, et donc, moins extrême ; Enslaved est un groupe qui avance, progresse dans la direction qui lui est propre, se moquant bien des souhaits des fans ou des tendances. Qu’en sort-il ? Un des meilleur album que j’ai jamais entendu. Les compostions sont d’une très grande qualité. Je ne pensais pas qu’il pourraient surpasser le grandiose "Monumension", mais ils l’ont fait, et il s’agit pour moi du meilleur album de toute la discographie des norvégiens.

L’album s’ouvre sur des claviers psychédéliques 70s et des jeux de cymbales, rejoint par les guitares et la basse. Une seconde d’accalmie, et le son lourd arrive. D’entrée de jeu, on sait que l’on a à faire à du gros. La basse du chanteur résonne de toute sa puissance, les claviers sont au même plan que les autres instruments. Les lignes mélodiques sont impressionnantes. Sur cet album le chant clair du claviériste est aussi présent que le chant black, ce qui n’est pas pour déplaire. En effet, Herbrand Larsen possède un excellent timbre de voix. Les riffs sont posés mais puissants. De superbes solos ponctuent l’album, comme celui de "Ground", très Pink Floyd, et absolument planant ; ou encore ceux de "Reflection".

Mais du black métal, que reste-t-il ici ? Pas grand-chose à vrai dire : la voix de Grutle Kjellson, le titre "New Dawn," malgré un refrain au chant clair, et un certain son de guitare. Un mélange de genres et d’influences compose les 8 titres. Pop sur "Ground," doom sur l’excellent "Center", 70s sur l’ensemble du disque, progressif pour certains éléments… Qu’importe. Il n’est ici pas question de style mais de musique dans sa globalité. Enslaved nous montre alors qu’ils ont tout compris ; que la musique s’appréhende au-delà d’un genre musical ; qu’elle est une expérience purement émotionnelle.

La pochette illustre une vertèbre ornée de veines dessinant la rune Mannar / Mannaz / Homme. La vertèbre incarnant fierté et fragilité, l’illustration complète reflète l’unité entre l’esprit et la chair*. Quant aux paroles, elles sont centrées sur différentes émotions.

Un très grand album que ce Vertebrae, qui saura être apprécié à sa juste et très grande valeur par les esprits les plus ouverts.
*Interview dans Metallian n°53, 2008, p.55.

Références

Enslaved, Vertebrae. Indie Recordings, 2008.

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5 septembre 2009

Bloodbath - Unblessing the Purity

Death metal
Suède

Un EP de Bloodbath aussi bon qu'un album

Cet EP sorti en 2008 regroupe 4 titres. Mais la qualité des morceaux est telle qu'il prend un caractère aussi précieux qu’un album studio.

Nous retrouvons toujours ce death metal bien lourd qui fait la valeur sûre du groupe, mais avec, à mes yeux, un petit plus. Les blasts sont plus destructeurs que jamais (notamment sur « Blasting the Virginborn » ) et la qualité des riffs superposés aux lignes mélodiques des guitares démarquent une nouvelle fois Bloodbath de la scène death metal, et ce, sur les 4 titres de l'EP.

Le son est puissant, bien plus que sur les 2 albums précédents de Bloodbath..

..un fait bien appréciable, surtout lors des reprises à se briser le cou, « Sick Salvation » pour n'en citer qu'un. Quant au chant, que dire, Mikael Åkerfeldt assure parfaitement : son growl est aussi lourd et puissant que le jeu de ses comparses. La pochette est elle aussi ravageuse et pointe du doigt l’Église, avec ses prêtres-loups baptisant un bébé dans un bain de sang (logique !).

Certes, le combo de Bloodbath regroupe des personnalités connues (Opeth, Katatonia), mais la mise en lumière du groupe est totalement justifiée par la qualité réelle de leur musique...

...comme nous le prouve une nouvelle fois ce brillant EP de Bloodbath hautement recommandé !

Références

Bloodbath, Unblessing the Purity. Peaceville, 2008.

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16 août 2009

Amorphis - Skyforger

Metal folk
Finlande

Skyforger est le 9ème album des finlandais et annonçons le tout de suite, il est aussi, selon moi, le meilleur de toute la discographie du groupe. Dans la continuité de Silent Water, Skyforger propose un métal épique, aux mélodies pop mais puissantes, toujours portées par les superbes guitares d’Esa Holopainen (Lead guitars). Ce qui fait la magie du disque ? La qualité des mélodies et la touche 70s apportée par les claviers de Santeri Kallio. En effet, une des grandes influence du groupe est Ritchie Blackmore et Rainbow. Ecoutez "Sampo" et "Godlike Machine" (titre bonus fabuleux et incontournable) pour vous faire une idée.
La touche très mélodique n’exclue pas des riffs très puissants comme sur "Majestic Beast" et "Skyforger". Quant au chant, Tomi Joutsen assure parfaitement le chant clair, prédominant, et les growls, plus rares mais toujours présents.
Toujours basées sur le Kalevala*, les paroles mettent en avant Illmarinen, un de personnages de l’épopée. Ponctué par des ballades de qualité, le disque s’écoute d’une boucle, et même si l’originalité n’est pas réellement au rendez-vous dans la discographie du groupe, Skyforger s’avère être d’une très grande qualité de composition, et surtout, il y a cette touche de magie…
Enfin, félicitons le superbe travail effectué sur la pochette qui illustre le thème de l’album.
Skyforger est un disque indispensable pour les fans de métal mélodique, de folklore et de magie!

* Le Kalevala est l’épopée nationale finlandaise qui regroupe des textes populaires oraux recueillis par le Dr Elias Lönnrot au 19ème siècle. Tolkien s’en serait inspiré pour la conception du Silmarillion. Voir l'article sur Wikipédia pour en savoir plus.

Références

Amorphis - Skyfoger. Nuclear Blast, 2009

15 août 2009

Dream Theater - Black Clouds & Silver Linings (3-CD Deluxe Edition)

Pochette de l'album de Dream Theater - Black Clouds & Silver Linings (3-CD Deluxe Edition)Progressif
États-Unis


Bien que Dream Theater soit l'un des rares groupes que je suis album après album, on peut dire que je suis un fan mitigé. Il faut reconnaître leur régularité et le rythme effréné qu'il tiennent depuis des années. J'aime que leurs morceaux partent dans une sorte de folie contrôlée et je n'ai jamais suivi les détracteurs qui affirment que "c'est trop technique". Une oreille naïve ne participe pas à ce débat entre musiciens, se contente d'écouter et d'apprécier. Mais il y a certaines choses que j'ai toujours du mal à avaler. Tout d'abord leurs ballades ou semi-ballades mièvres qu'ils nous pondent assez régulièrement, argument destiné justement aux détracteurs pour pallier à l'aspect "trop technique". J'excepte certaines compositions lentes et mélancoliques beaucoup moins discutables (comme "Space-Dye Vest", "Disappear" et "Vacant"). Puis viennent en deuxième position, les morceaux un peu trop tirés par les cheveux, inutilement longs dont on se lasse au bout de quelques écoutes. Un exemple? "In The Name Of God" qui gâche un peu l'excellent Train Of Thought. Troisième chose, la plus importante, et là je vais me faire des ennemis, le chanteur James LaBrie.Oui, il a une voix originale qu'il travaille énormément, je l'accorde à ses plus fervents fans. Mais j'ai toujours trouvé que si il y avait un poste a changer dans le groupe ça serait la voix, sans hésitation. Chose impossible vu la cohésion du groupe autant niveau personnel que musical. Je suis de ceux qui tolèrent cette voix, pas mauvaise en soi, mais qui souvent m'agace.

Pardonnez-moi cette intro un peu longue, mais pour ma première chronique musicale officielle, quelques précisions subjectives s'imposaient. Black Clouds & Silver Linings, dixième album du groupe, a pour particularité d'être agrémenté, dans sa version collector, de deux disques supplémentaires: un comprenant six reprises l'autre, l'album dans son mixage instrumental.
Commençons par le disque de reprises. De très bonnes surprises, comme la suite "Tenement Funster/Flick Of The Wrist/Lily Of The Valley" de Queen (sur Sheer Heart Attack, 1973), peut-être méconnue pour ceux qui se contentent des Greatest Hits, et "To Tame A Land" d'Iron Maiden (Piece Of Mind, 1983), déjà présente sur le Tribute Maiden Heaven (où elle est très bien accompagnée par un "Remember Tomorrow" revisité par Metallica). Deux choix qui sortent des sentiers battus qui justifient l'achat de la version collector. "Stargazer" de Rainbow (Rising, 1976) et "Larks Tongues In Aspic Pt.2" de King Crimson (Larks Tongues In Aspic, 1973), suivent dans mes préférences. Ces quatres reprises ne s'éloignent pas trop des morceaux originaux (que je connaissais) et le son si particulier de Dream Theater suffit à l'auditeur le plus exigeant pour ne pas les trouver sans intérêt. Dixie Dregs est un groupe que je connais trop peu pour pouvoir faire une comparaison pertinente d'"Odyssey" (What If, 1978). Je vais faire l'impasse (quasi-totale) sur "Take Your Fingers Off My Hair" de Zebra (album éponyme de 1983, merci Wikipedia), qui n'est certes pas sans intérêt, mais je suis incapable d'en dire plus que: plaisant mais pas indispensable.
Les versions instrumentales devraient me ravir au plus haut point. C'est une initiative que Dream Theater aurait dû faire à chaque album. Mais elles ne sont qu'une ossature destinée à être complétée par des paroles, les passages des couplets sonnent donc logiquement un peu creux. Ce n'est pas du Liquid Tension Experiment (où Portnoy, Petrucci et Rudess avec Tony Levin se lâchaient complétement) mais du Dream Theater sans paroles. A écouter occasionnellement, pour changer.
Pour continuer dans la même veine que mon introduction, je vais commencer cette dissection de Black Clouds & Silver Linings par ce que je considère, très subjectivement, comme le plus mauvais. "Wither"... bel exemple de ballade mièvre que j'écoute une fois de plus (ou de trop) juste pour cette chronique.J'ai beau être indulgent à chaque nouvelle écoute, il n'y a rien à faire, ça dégouline et c'est vraiment pas mon truc. Un morceau à n'écouter qu'une fois par an. "The Best Of Times" bien qu'écrit avec le coeur, ça me gêne d'en dire du mal en voyant les photos du livret et à qui cette chanson est dédiée, me laisse plutôt insatisfait et rentre dans la catégorie "inutilement long". Le riff proche de "To Live Forever", le break et l'accélération un peu bâclés et cette fin interminable et pompeuse n'en font pas pour moi l'un des meilleurs titres du groupe. "Rite Of Passage" son refrain poussif et son air de déjà entendu ne me convainc pas non plus. Un morceau de plus moyennement plaisant.

Pour tous ceux qui me trouveront trop sévères, ne me condamnez pas, je vais vous faire part de ce qui m'a plu dans ce dixième opus. Il faut voir le bon côté des choses, les trois titres qui restent constituent la majeure partie de l'album du point de vue minutage. "A Nightmare To Remember", bien qu'à la première écoute trop reconnaissable (les mélodies vocales surtout) comme une composition de Dream Theater, avec cette intro sombre (proche du black metal) qui ferait une bonne B.O. de film, est une bonne entrée en matière. Il m'a fallu trois ou quatre écoutes pour l'apprécier pleinement et il est difficile de ne pas trouver maladroit le passage "rappé", un peu téléphoné. C'est quelque chose que Dream Theater a pourtant très bien utilisé sur de précédents albums. "The Shattered Fortress" conclut le cycle personnel de Mike Portnoy (enfin, je pense, je n'ai pas lu d'interview de l'intéressé le confirmant) contre l'alcoolisme (en témoignent les douze sous-parties correspondant au douze palliers du programme standard des Alcoolique Anonymes). Commencé sur 6 Degrees Of Inner Turbulence (2001) avec "The Glass Prison" et s'étirant le long des quatre albums suivants (les fans sauront reconstituer le cycle d'eux-mêmes), cet exorcisme musical, mi-confession mi-défouloir, s'achève sur un montage de passages transformés reconnaissables pour ceux qui suivent la discographie du groupe. Il y a une transition que je trouve maladroite, mais "The Shattered Fortress" a la particularité d'être apprécié dès la première écoute grâce à la familiarité instaurée tout au long des quatre albums précédents. Peut-être que le cycle sera encore plus cohérent si on l'écoute dans son intégralité, ce que de nombreux fans ont déjà peut-être fait. "The Count Of Tuscany" est la cerise sur le gâteau (hum, ces oh-oh-oh de James LaBrie, à la fin, destinés surtout à dire qu'il faudra le suivre en concert sont exaspérants, ils avaient déjà fait le coup avec "In The Name Of God". Est-ce fondamentalement utile sur l'album studio?). Stratégiquement placé en fin d'album et en fin de chronique pour terminer sur une note positive (d'où la précédente parenthèse), "The Count Of Tuscany" et ses 19 minutes est le genre de morceau épique classique pour Dream Theater qui fait l'unanimité. Son intro à la Rush (non?) et son accalmie lyrique, le meilleur passage de l'album à mes yeux, suffisent amplement à faire pencher la balance du bon côté.

Pour conclure, je tiens à préciser que je ne fais qu'exprimer un avis naïf et superficiel, mais c'est totalement assumé. Je ne suis ni musicien, ni critique musical professionnel. J'omets tous commentaires sur les paroles ou la production (entre autres) pour plusieurs raisons qu'il est inutile d'énumérer. Cet article a été rédigé sans prétention et sans influence extérieure, je n'ai absolument rien lu au sujet de l'album auparavant. J'espère que les puristes liront ça avec un peu de recul. Mon sentiment mitigé sur Black Clouds & Silver Linings n'a pas pour but d'influencer en quoi ce soit son achat. Beaucoup de fans l'ont déjà acheté et n'auront que faire de cet article tardif.

Pour compléter voici quelques liens (les premières occurrences de Google, en vérité: à vous d'aller plus loin si ça ne suffit pas) vers d'autres chroniques, très enrichissantes, pour ceux qui ont eu le malheur de tomber sur la mienne en premier :


9 août 2009

Black Sabbath, La Bête venue de Birmingham de Guillaume Roos

The Devil You Know, l'album de Heaven & Hell, bien qu'encore sans titre à ce moment-là, était déjà prévu au moment de la rédaction de cette première biographie française (dites-moi si je me trompe) de Black Sabbath. A l'heure qu'il est l'album est sorti. Oui, « la légende continue... », mais pas sous le même nom. Ce qui est, après tout, une bonne manière d'établir le bilan de ce qu'est Black Sabbath depuis ses origines.

Avec son sommaire très efficace, un chapitre par album, Guillaume Roos s'est donc attaché à raconter le parcours d'un des groupes les plus influents de la sphere hard-rock/metal. Que l'on soit fan puriste (« ah Cozy Powell à la batterie [soupir]... »), relativement profane (« ouais, j'connais Paranoid ») ou quelque part entre les deux (ce qui est mon cas et j'en savais si peu avant d'avoir refermer le livre), ce travail de paléontologie, très minutieux, se révèle être une référence complète et pertinente.

L'accident de travail qui coûtent deux doigts à Tony Iommi (détail d'une importance qu'on ne soupçonne pas), la rencontre des quatre brummies (surnom donné en référence à leur ville natale), leur période faste (pour leur nez, sniiif, entre autres) et féconde (du premier album éponyme à Sabbath Bloody Sabbath), les premières dissensions internes et externes (à partir de 1976), les incessants changements de line-up (plus d'une cinquantaine d'après l'annexe consacrée à « L'Arbre généalogique »): tout est agréablement ponctué d'interventions, incluses les nombreuses facéties d'Ozzy, d'anecdotes et points d'histoire non résolus. Michael Bolton et Tom Jones ont-ils réellement fait partie du groupe? Je ne vous révélerai rien, même pas le nom du bassiste qui figure dans le clip de « The Shining ». Ne parlons pas de l'illuminé mythomane Jeff Fenholt, qui a ridiculement entretenu la réputation sataniste qu'encore beaucoup de crétins veulent accorder à Black Sabbath. Mais au fait, d'où vient ce nom?

On y apprend les départs et retours de Bill « ça s'en va et ça revient » Ward et de Geezer « should I stay or shoud I go » Butler, le premier pour des raisons de santé, le second souvent pour désaccords temporaires. Sans oublier les tentatives désespérées, au fil des ans, de faire revenir Ozzy « tu veux ou tu veux pas ? » Osbourne (hélas trop occupé par sa carrière solo et autres regrettables shows de télévision) au sein du groupe par Tony « the show must go on » Iommi, seul membre permanent pendant toutes ces années. Ozzy est officiellement réintégré au groupe depuis 1996, mais excepté deux titres inédits en bonus sur le live Reunion rien n'est encore sorti de nouveau après cette pseudo-reformation. Cet immobilisme forcé (il existerait 7 titres enregistrés, cependant, enfermé dans un tiroir) a donc mené Iommi, Butler & Co. dans un premier temps à l'écriture de trois morceaux inédits avec Ronnie James Dio (présents sur la compilation The Dio Years) et, à moyen terme, à Heaven & Hell.

En ce qui concerne les annexes, elles prennent les deux tiers de l'épaisseur du livre et sont, il est vrai, plus laborieuses à lire que la biographie à proprement parler. Elles ont cependant fonction complémentaire de référence et rappellent (ce qui peut être considéré comme des redites) de nombreux points charnières que l'on peut avoir oublier. Les annexes autour des individus permettent une compréhension du rôle de chacun et ouvre sur de potentielles futures découvertes musicales pour le lecteur. On se rend compte à quel point l'interview de Bill Ward a aidé l'auteur mais l'interview de Neil Murray (un des nombreux bassistes), aussi intéressante soit-elle, aurait eu plus sa place dans une biographie consacrée à Whitesnake. Une interview de Geoff Nichols (deuxième membre le plus présent après Toni Iommi) aurait été préférable, mais je ne souhaite pas remettre en cause le gros travail fourni par Guillaume Roos, j'ai conscience des impossibilités et des restrictions intrinsèques à ses recherches.

Je n'avais eu qu'une vision achronologique et tronquée de l'histoire du groupe, n'étant informé que par l'intérieur des pochettes d'album trop sommaires. Ce pavé biographique m'a beaucoup éclairé et a comblé bon nombre de mes lacunes: de mes écoutes de Paranoid et Headless Cross (toutes deux régulières sur la playlist du samedi après minuit de Ouï FM, il y a une quinzaine d'années) à mes découvertes des albums au gré des rayons pas toujours bien fournis des disquaires ou médiathèques (j'ai appris, par exemple, très tardivement que Ian Gillan chantait sur un album et qu'il y avait eu donc d'autres chanteurs qu'Ozzy, Ronnie James Dio ou Tony « roue de secours » Martin), en passant par mes interrogations à ma première écoute du morceau éponyme qui ouvre le premier album (« c'est flippant ce truc, mais comment les gens ont réagi à l'époque à cette voix possédée ? »), tant de souvenirs qui retrouvent une saveur très particulière.

Un document indispensable pour qui s'intéresse à la naissance du metal et au poids lourd (camion noir ou dinosaure ?) que restera Black Sabbath.

  • Black Sabbath, La Bête venue de Birmingham, Guillaume Roos, Camion Blanc, 34€.
Article paru précédemment sur Rana Toad

15 mars 2009

Concert Amon Amarth / Keep of Kalessin / Legion of the Damned - Trabendo, Paris - 10 mars 2009

Première entrée en matière : les portes closes de la Loco et surtout, aucune annonce pour nous indiquer le changement de salle de dernière minute. Un bon nombre d’entre nous n’étaient pas au courant et c’est grâce à l’entraide que nous arrivons finalement à bon port : le Trabendo.

L’endroit est, il est vrai, très bien approprié pour un concert chaleureux et intimiste.
Malheureusement, à l’heure où j’arrive, Keep of Kalessin est déjà passé…

Concert avec Legion of the Damned : une vague de metal trash death sur scène

Legion of the Damned entre donc en scène et c’est une déferlante de guitare acérées qui s’abat sur la salle, au grand bonheur du public. Un set de 45mn parfaitement maîtrisé avec un son impeccable. Les hollandais ont parfaitement su mettre l’ambiance avec leur trash death plutôt bien approprié pour l’occasion.

Amon Amarth : des vikings en concert

Le public est donc bien chauffé lorsque les lumières s’éteignent pour laisser apparaître la magnifique tenture à l’effigie de la pochette du dernier Amon Amarth. Le groupe entre en scène et entame « Twilight of the Thunder God ». On sait de suite que la soirée sera excellente : le son du concert est très bon, et les vikings sont en très grande forme. Le set laisse une large place au dernier album, ce qui est plus qu’appréciable. On notera le folklorique « Varyags of Miklagaard », à l’ambiance festive, et le guerrier « Tattered Banners and Floody Flags » où la double grosse caisse martèle comme des tambours de guerre.

Les suédois n’hésitent pas non plus à piocher dans tous leurs précédents albums (excepté The Crusher). On aura droit, entre autres, au tragique « Under a Northern Star » et au puissant « Death in Fire » de Versus the World.

La fin du concert approche et le groupe entame « The Pursuit of the Vikings » le temps d’un rappel. Le public, enchanté, reprend en chœur le refrain, poussé par le chanteur.

Un set généreux, toutes fois ponctué par les slams et les frasques sur scène de deux éberlués qui s’amusent à faire tourner en bourrique le roadie. Mais cela n’entame en rien la bonne humeur et la festivité du groupe. Nous le prouve Johan Hegg en trinquant avec le public dans sa fameuse corne et en serrant les mains qui lui sont tendues bien après que les lumières soient rallumées. Des vikings…

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